Depuis la fin des années 1990, nous avons introduit le terme de cinématique musicale pour désigner la juxtaposition de transformations progressives (comme des translations ou des rotations de faible amplitude) appliquées sur des structures de représentation musicale afin de simuler, à l’écoute, un mouvement : le matériau musical se transforme graduellement, étape par étape, en gardant une trace de son organisation interne qui, elle, ne varie pas. Cette approche empirique, inspirée librement du procédé de chronophotographie, si elle ne reproduit pas à proprement parler le mouvement, laisse transparaître à l’écoute un résidu sensible du mouvement dû à la cohérence structurelle du matériau qui fait sens. Une façon de mettre en lumière une structure musicale conçue comme une entité unitaire organique : la forme de l’œuvre musicale est conçue comme une accumulation de photos provenant d’un objectif scrutateur se déplaçant autour de cette structure. Nous apporterons des éléments de validation cognitive de ce procédé et donnerons quelques exemples dans des œuvres personnelles, instrumentales et électroacoustiques.